[Retroid] - Metroid Other M

Je ne trouvais pas de meilleur titre, toutes mes confuses. Vous avez un jeu de mots, c'est déjà pas mal.

Depuis quelques semaines, j'ai une certaine tendance à être au chômage. Entre deux recherches d'emploi, j'en ai profité pour rattraper mon retard en Metroidologie vu que, zut de zut, c'est une de mes séries préférées et que ça faisait quelques années que je n'y avais pas touché - depuis Metroid Prime 2 en fait, dont l'ambiance sombre et chaotique m'avait marqué.

J'ai pris mon pad à deux mains et j'ai fait une jolie brochette : Other M, Zero Mission, Fusion, Prime 3, jambon, fromage. Mes aïeux, j'en ai des choses à dire. Et je commence par...

Musique stressante de l'espace non fournie.

J'ai récupéré une Wii (6 ans de retard, qui dit mieux) et, dans la foulée, Metroid Other M.
Metroid en 2D et demie, qui plus est propulsé par la Team Ninja (qu'on connaît plus pour les prothèses mammaires et les cheveux filasses des persos de Dead or Alive, un parti-pris esthétique qu'ils ont tenté de renouveler ici).

Il s'inscrit chronologiquement entre Super Metroid et Metroid Fusion, et on ne risque de l'oublier à aucun moment, tant la narration est centrée autour du bébé métroïde qui a sauvé la mise de Samus à la fin de l'épisode précédent. Afin que vous réalisiez à quel point on entend parler de cette fichue bestiole à chaque coin de couloir, et à quel point cette histoire transforme Samus en sentimentale larmoyante à la limite du supportable, je vais en parler aussi souvent et aussi subtilement dans cet article qu'il est évoqué dans le jeu.

Récap' de l'histoire, donc : Après avoir été sauvée par LE BÉBÉ, et toujours très secouée par la mort de LE BÉBÉ, Samus file car-washer sa combinaison des restes du BÉBÉ et s'engager pour une nouvelle mission. Manque de bol, sa Cibie interstellaire reçoit, entre deux blagues lourdingues de camionneurs de l'espace,  un appel urgent code "Pleurs de BÉBÉ" (vous ai-je parlé de la traduction foireuse omniprésente ?). Rapport au fait que c'est hyper-urgent. Samus file donc vers l'origine du signal, une station de recherche. Original, hein. Là, elle va trouver des potes de la Fédération si peu charismatiques et au visage si mal modélisé qu'il est impossible de les distinguer, sauf le black de service.

"Les gars soyons réalistes, on est 5 pour sauver une station entière, ça fera le joint"

Chemin faisant, elle découvre que le personnel de la station a été intégralement passé à la moulinette, qu'ils faisaient des expériences sur des armes à base de créatures bio-augmentées (Metroid Fusion, si tu nous regardes), et qu'il y a un traître parmi eux. Ne me demandez pas qui c'est, le scénario oublie ce pan de l'histoire avant la fin du jeu en le noyant sous les pleurnicheries de Samus qui voit mourir Adam Malkovich-ah-oui-c'était-mon-meilleur-ami-dont-je-ne-vous-avais-jamais-parlé. Le tout dans des cinématiques à la longueur évoquant du MGS en pleine forme.

Dites, entre vouloir se maquer avec une figure paternelle et tuer Mother Brain, elle nous ferait pas son Electre là, notre Samus ? En plus Other M c'est l'anagramme de Mother, et Metroid Other M ça fait MOM, houlà houlà.

Ci-dessus : une insoutenable scène d'inceste (pas facile à dire) 

LE BÉBÉ LE BÉBÉ LE BÉBÉ LE BÉBÉ. Passons au gameplay.

Nerveux, très nerveux pour du Metroid, le jeu reprend la désormais classique structure en secteurs : un environnement de jungle, un aride/magmatique et un glacial. On retrouvera également avec plaisir des ennemis abandonnés lors du passage au style FPA (voir plus loin), tels que les bipèdes sauteurs à gros yeux (Metroid Database m'apprend à l'instant que l'animal se nomme Desgeega, enchanté et à vos souhaits).

Samus court, saute, esquive et répond au quart de tour, si bien qu'on ne l'a jamais vue aussi vive. Avec un peu d'entraînement et beaucoup d'esquives, je suis certain qu'on peut finir le jeu sans être touché une fois.

Plus original, le système de 2D et demie classique a été revu à la hausse. Je m'explique : Les phases en vue de côté (wiimote à l'horizontale) alternent avec des phases de FPS (wiimote pointée vers l'écran) nécessaires pour mieux viser les ennemis retors et pour leur faire gober des missiles.

"Ne soyez pas ridicule et avalez vos cachets, monsieur Caméléon géant"

Si l'idée est appréciable et varie le gameplay en offrant des instants de sueurs froides, car il est impossible de bouger en mode FPS, on se retrouve vite à éviter au maximum de tirer des missiles : on perd de précieuses secondes, et la transition entre les deux modes déstabilise toujours un peu. Personnellement, pour un résultat égal, je préfère appuyer cinq fois sur un même bouton plutôt que d'effectuer ce que j'ai appelé la danse du lance-missile.

Ce qui m'amène à un autre problème. Partant du postulat "les missiles sont quasi inutiles", pourquoi avoir bardé la station de réserves de missiles ? A vrai dire, j'en utilise 5 pour traverser l'intégralité du jeu, il faudrait être un busard pour écouler les 150 dont dispose Samus dans son petit sac à dos. Et pourquoi avoir jugé nécessaire d'implémenter le multi-missiles hérité de Metroid Prime ? De mémoire il ne m'aura servi que trois fois, pour... ouvrir des portes à verrous multiples.

Puisqu'on est dans les critiques, la Morphing ball ne sert à rien non plus, tiens.

La direction artistique a été reprise par des japonais, et là ça se sent : les murs transpirent le fluo, les ralentis et zooms façon sentai des grandes heures du club Dorothée sont de retour, et les monstres retrouvent leur design moitié menaçant moitié ridicule, un peu comme les méchants des Tortues Ninja. De manière générale, le jeu semble être inachevé et on sent un certain manque d'inspiration, sans doute causé par la volonté de trop coller à l'univers.

Ne vous y méprenez pas : Metroid Other M est sympathique et amplement digne de figurer dans votre ludothèque Wii (si tant est qu'elle existe) mais l'ambition affichée du retour aux sources semble néanmoins un peu ratée. Reste un jeu nerveux qui bousille son potentiel en tentant de développer un scénario dont on se moque... Team Ninja, on y croit, la prochaine fois c'est la bonne !